Du grain à moudre Du grain à moudre

En matière de récolte, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement, car les producteurs n’auraient pas pu supporter une moisson aussi catastrophique que celle de l’an passé. D’autant que certains céréaliers accumulaient déjà des difficultés économiques depuis plusieurs campagnes. Les comptes de l’agriculture, récemment publiés, montrent d’ailleurs qu’en 2016, les plus fortes baisses de revenu ont été enregistrées dans les grands bassins céréaliers, avec une chute du chiffre d’affaires de plus de 30 %. Si cette année, la moisson est plus précoce de dix à quinze jours, les rendements en blé seront proches de la moyenne avec une qualité des grains au rendez-vous. Pour autant, il existe de forts écarts entre régions, certaines ayant été bien affectées par le gel de printemps et la sécheresse. Car on ne peut oublier que l’agriculture doit composer avec les caprices de la nature et les aléas qui en découlent. Pour s’en convaincre, il suffit de noter que les trois quarts des nappes affichent un niveau bas ou très bas compte tenu du déficit pluviométrique de ces derniers mois.

Reste que pour dégager du revenu, il faut aussi des prix. Et à ce stade, pas de miracle en vue, que ce soit en blé ou en colza. D’ailleurs, pour bien cerner l’évolution des marchés, mieux vaut lire des analyses fouillées, comme celles de Tallage publiées chaque vendredi sur notre site, que les perspectives à dix ans présentées en juillet par la FAO et l’OCDE. Car le marché des grains est soumis à trop de facteurs à court terme pour se projeter valablement aussi loin dans le temps. L’annonce de pluies sur le grenier à blé américain a ainsi douché la flambée des cours enregistrée fin juin-début juillet. Quant à la Commission européenne, qui vient de lancer un observatoire des grains, elle ferait bien de réfléchir à des mécanismes de protection efficaces des producteurs qui ne peuvent encaisser tous les aléas. Du réel grain à moudre pour la réflexion sur la prochaine Pac.